La réforme du RSA fait grimper statistiquement le nombre de chômeurs

En janvier 2025, au total, 3.382.500 personnes étaient sans emploi (catégorie A), en hausse de 6,8 %. Mais cette hausse est due à l’entrée en vigueur de la loi sur le plein-emploi et non à la conjoncture, explique le ministère du Travail.

Le 1er janvier est entrée en vigueur la réforme du RSA inscrite dans la loi « pour le plein-emploi » votée à l’automne 2023. Désormais tout bénéficiaire du revenu de solidarité active est soumis à l’obligation de justifier d’une activité minimale de 15 heures par semaine, sauf exception, et c’est France Travail qui doit s’occuper de son accompagnement. Cela s’accompagne d’une inscription automatique auprès de l’opérateur, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Même chose pour les jeunes accompagnés contractuellement par les Missions locales.

Qui dit inscription auprès du service public de l’emploi dit comptabilisation dans les statistiques du chômage, ce qui va provoquer un changement d’échelle. Jusque-là, seule une partie des bénéficiaires du RSA et des jeunes étaient inscrits donc comptabilisés. Au total, rien que pour le RSA, ce sont quelque 1,2 million de personnes de plus qui devraient progressivement grossir les rangs de France Travail.

Choc étalé dans le temps

Le choc va être étalé dans le temps. Mais les statistiques publiées par la Direction de la recherche du ministère du travail (Dares) ce jeudi sur le mois de janvier portent déjà la trace de la hausse du nombre de demandeurs d’emploi engendrée par les bénéficiaires du RSA qui sont pris en charge dans un parcours d’accompagnement et employables, en plus des jeunes des missions locales.

Bien que deux catégories faisant office de sas aient été créées (F pour les personnes très éloignées de l’emploi et G pour celles dont l’accompagnement n’a pas encore été mis en place), les effectifs de France Travail progressent fortement de ce fait. La bonne nouvelle est que, en excluant l’impact des nouveaux inscrits au titre du RSA et des jeunes des missions locales, le chômage a au contraire légèrement baissé.

En janvier 2025, au total, 3.382.500 personnes étaient sans emploi (catégorie A), en hausse de 6,8 % que ne compense pas la légère baisse des effectifs de ceux qui exerçaient une activité réduite (catégories B et C), au nombre de 2.346.000, soit – 0,9 %. Mais la progression de la catégorie A « ne reflète pas la situation conjoncturelle du marché du travail », souligne la Dares.

Effet d’optique

Elle résulte d’abord de l’inscription automatique à France Travail des jeunes en parcours emploi dans les missions locales : quelque 135.000 personnes sont venues ainsi grossir les rangs des demandeurs d’emploi. Elle résulte aussi d’une évolution des règles qui décale dans le temps les obligations d’actualisation des personnes qui s’inscrivent à France Travail mais n’ont pas droit à une indemnisation. Ce phénomène joue à la hausse sur la catégorie A et à la baisse sur les catégories B et C, précise le ministère du Travail.

Hors bénéficiaires du RSA et hors jeunes en parcours (CEJ, Pacea ou AIJ), le nombre d’inscrits en catégorie A croît de 2,4 % ce mois-ci (+57.500) et de 7,5 % sur un an (+171.600). C’est beaucoup, mais là encore, insiste la Dares, c’est dû à un effet d’optique lié lui aussi à l’évolution des règles d’actualisation pour les nouveaux inscrits non indemnisables.

Changement de règle sur l’actualisation

L’impact de ce changement de règle est estimé par la Dares autour de 72.000 demandeurs d’emploi en catégorie A hors bénéficiaires du RSA et jeunes. Sans cette mesure, « la catégorie A hors bénéficiaires du RSA et hors jeunes en parcours aurait légèrement diminué de 0,6 % en janvier », affirme le ministère du Travail. C’est une bonne nouvelle au vu de la fin de l’année 2024 qui avait été marquée par une accélération de la hausse du chômage. Mais elle demandera à être confirmée car les évolutions au mois le mois peuvent être erratiques, raison pour laquelle la Dares se focalise sur les données trimestrielles.

Le ministère du Travail donne par ailleurs de premières indications sur les deux catégories nouvellement créées avec, fin janvier 2025, 1.600 personnes très éloignées de l’emploi en catégorie F et – le chiffre est impressionnant et va encore grossir – 705.900 personnes en attente d’une orientation par le service public de l’emploi donc en catégorie G. Un effectif qui va venir grossir pour partie les rangs des demandeurs d’emploi de catégorie A.

Source : https://www.lesechos.fr/economie-france/social/la-reforme-du-rsa-fait-grimper-statistiquement-le-nombre-de-chomeurs-2151189