Merci à Éric Heyer d’aider à ne plus dire n’importe quoi sur les chiffres du chômage

Le sujet des chiffres du chômage ou de la demande d’emploi anime depuis des années le débat public. On voit même l’Assemblée Nationale engager une mission sur le sujet  Une mission d’information sur les chiffres du chômage et le premier ministre créer la confusion comme nous l’avons relevé dans François Bayrou triche sur les chiffres du chômage en voulant faire croire que l’obligation d’inscription en 2025 a augmenté les chiffres de 2024 s’inscrivant dans une longue tradition de manipulation des chiffres (voir Baisse du chômage : les mensonges du ministre, Gabriel Attal confond taux de chômage et inscription à France Travail : ignorance ou machiavélisme ?

L’Unedic publie une interview très pédagogique de l’économiste Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l’OFCE, qui présida le groupe de travail du Conseil national de l’information statistique (Cnis) relatif aux conséquences de la mise en place de France Travail sur les statistiques des inscrits.

L’économiste commence en appelant l’attention sur les changements de vocabulaire

« il faut bien comprendre qu’on n’utilisera plus de la même façon la notion de « demandeurs d’emploi », on préférera parler de personnes inscrites à France Travail. En effet, les bénéficiaires du RSA sont désormais automatiquement inscrits à France Travail, non pas parce qu’ils « demandent » un emploi, mais parce qu’ils sollicitent une allocation. »

Il poursuit en expliquent ce que sont les deux nouvelles catégories qui s’ajoutent aux cinq habituelles dont le champ ne change pas.

« Nous avons donc créé la nouvelle catégorie G, qui est une catégorie d’attente, où le nouvel inscrit sera classé tant que l’on n’aura pas les informations permettant de le classer correctement. Les personnes inscrites ne sortiront de cette catégorie d’attente qu’à l’issue de l’entretien que chacune d’entre elles doit avoir avec un conseiller de France Travail. Après cet entretien, la personne passe dans un contrat d’engagement, avec trois types de parcours possibles : le parcours professionnel ; le parcours socio-professionnel et le parcours à vocation d’insertion sociale. Ce dernier est destiné aux personnes inscrites qui ont beaucoup trop de freins pour reprendre le travail et ne sont pas en mesure de rechercher un emploi : elles seront classées dans l’autre nouvelle catégorie, la catégorie F. ». C’est cette catégorie que nous avions appelé les « inscrits n’ayant rien à faire à France Travail »

Il donne ensuite une grille de lecture pour les chiffres à venir

« La catégorie G va être très importante à analyser. Le nombre va être très fort au début, et c’est normal : on l’a vu, il faut absorber le choc de l’inscription de 1,5 million de personnes supplémentaires. On espère qu’en deux ans, cette catégorie G diminue progressivement pour se maintenir à des niveaux qui correspondraient au flux de nouveaux inscrits. C’est un enjeu très important : c’est ainsi qu’on pourra juger de l’efficacité de cette politique de réactivation des personnes qui sont sorties de l’activité. Si les effectifs au sein de la catégorie G restent très élevés, ce sera le signe que ces personnes ne sont pas réellement accompagnées et que les entretiens prévus ne sont pas réalisés. »

Enfin l’économiste après avoir rappelé que le concept du chômage au sens du BIT n’a rien à voir avec les statistiques de France Travail, il s’interroge sur les conséquences de l’inscription à France Travail sur les réponses à l’enquête déclarative de l’Insee avec une incertitude « tout dépend de la manière dont les personnes vont ressentir leur inscription à France Travail »

Si tous ceux qui parlent du chômage lisaient cette interview ils diraient moins de bêtises

Source : https://blogs.alternatives-economiques.fr/abherve/2025/02/12/merci-a-eric-heyer-d-aider-a-ne-plus-dire-n-importe-quoi-sur-les-chiffres-du-chomage